Je ne suis pas en guerre avec qui que ce soit. J’exerce tout simplement mon droit à faire le récit de ma vie, raconter mon vécu. Le « récit de soi » n’est pas un besoin narcissique et égocentrique, c’est une ouverture de cœur au monde par acceptation de s’en fragiliser. C’est un relâche de garde dans les arts martiaux, une motion d’authenticité en psychologie, l’une des notions essentielles à toute résilience, ce qui est et qui fut de tout temps et de toute époque, le plus interdit.

 

La raison en est simple, le « récit de chacun » parlera forcément des autres, de tous les autres et, le plus délicatement possible parlera des crimes commis contre lui, contre les autres, contre la communauté. Comment croyez-vous possible d’imposer le silence à l’espèce humaine tout entière ?

 

Un individu de ne peut se relever vraiment d’un trauma, sans se raconter. Il en sera de même pour tous les peuples de la terre, une fois cette crise terminée.

 

Les gens qui ont vécu les deux premières guerres mondiales pourraient en témoigner. C’est l’omerta, la loi du silence qui leur fut imposée dans les années qui suivirent et c’est pour cela que les guerres recommencent.

 

Parce que les gens ne parlent pas. La maudite peur de parler ou la peur de déranger l’autre. La peur de le mettre l’autre « mal à l’aise » ou de soi-même le devenir au travers de nos propos, c’est tout simplement la crainte de l’authenticité, la peur d’être soi-même. Parce que l’authenticité exige un niveau de sécurité important. Dans la peur, tout peut s’avérer soudain être faux.