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Les mauvais conseils comme titre, et pourtant c'est le contraire

Les mauvais conseils - Félix Leclerc
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L'un de mes plus beaux souvenirs

Le nid, c'est notre zone de confort et il faut en sortir

La plupart des gens, passent leurs vies dans le nid

J’appliquais depuis environ deux ans les conseils de cette chanson de mon premier guide spirituel — Félix Leclerc — lorsqu’ils m’ont permis de vivre l’une des plus belles expériences de ma vie.

 

C’était à l’automne 2015, après une journée bien remplie de peurs et phobies vaincues autant que de méfiances inutiles, m » étant reposé quelques instants sur le banc public en face du palais de Justice de Granby, je repris ma route vers les résidences Landry, décidée à y aller enfin dormir, lorsque je vis une foule rassemblée devant l’église Notre Dame coin principal et St Antoine.

 

D’habitude, je ne me mêle pas à de telles activités ayant vécu l’expérience de la première fête populaire sur l’île Sté Hélène où des bouteilles de bière avaient été lancées dans la foule d’un demi-million de personnes qui fuyait l’île sous une pluie torrentielle, par le pont Jacques Carter.

 

De plus, sans même ces dangers physiques, je craignais les foules où mes phobies sociales me tourmentaient au point où je ne pouvais rien apprécier.

 

Mais, cette fois, ce fut plus fort que moi. Je me sentais libre comme un l’enfant sans peur que j’étais semble-t-il selon ma mère, mon naturel quoi.

 

Alors je me suis avancé. Curieux, mais à chaque pas l’on m’ouvrait le chemin et je me suis donc rendu jusqu’au premier rang et j’en étais content au lieu de me sentir menacé par cette proximité des artistes, au contraire, je me sentais de mieux en mieux.

 

J’ai écouté quelques chansons, puis un animateur s’est présenté et surpris, il a demandé si quelqu’un voulait chanter une chanson. Encore là, je ne me reconnaissais pas, car j’ai levé mes deux bras dans les airs à l’instant même.

Je suis donc monté sur scène et à la demande du guitariste, j’ai dit vouloir chanter « Trouble » d’Elvis Presley. Il m’a demandé ce que c’était et je lui ai chantonné les premières mesures qu’il a tout de suite comprises.

Il a joué l’introduction classique de ce type de blues rock et je me suis laissé aller à m’amuser comme un enfant, sans gêne aucune, sans peur, sans trac, libre comme l’air.

 

tada dadaram... If you're looking for trouble, You came To the right place... et je regardais les gens dans les yeux, défiant et sur de moi.

 

tada dadaram… If you’re looking for trouble, Just look right in my face ... Et je me sentais mieux que jamais dans toute ma vie. Je me foutais de l’opinion de qui que ce soit, car je me sentais capable d’affronter n’importe quoi et n’importe qui.

 

tada dadaram... My daddy was a green-eyed mountain jack... et je pensais à mon géant de père qui sautait comme un gorille se frappant la poitrine lorsqu’il était en colère, pour ensuite me foutre des coups de pieds au ventre.

Because I'm evil, my middle name is misery... et je m’amusais avec les notes, encouragé que j’étais par la virtuosité du guitariste.

 

Well I'm evil, so don't you mess around with me... et si quelqu’un m’avait eu écœuré, comme on dit ici au Québec, il aurait trouvé chaussure à son pied. J’étais vraiment la chanson.

 

tada dadaram... I've never looked for trouble, But I've never ran,,, et c’est vraiment moi depuis.

 

I don’t take no orders, From no kind of man… Et, moi qui me croyais le plus grand peureux de la planète, je réalisais que c’était enfin fini. Fini la peur. Fini la peur d’avoir peur. Fini les crises de panique.

 

I’m only made out, Of flesh, blood and bone… Oui, juste un homme, un vieil homme, mais prêt à mourir en tout instant pour ne plus jamais me laisser terroriser ou intimider par qui que ce soit.

 

But if you're gonna start a rumble, Don't you try it on alone... et quelqu’un a du comprendre cette phrase, car dans les mois qui ont suivis, je fut rossé de coups de pieds au ventre et au visage parce que pendant que j’affrontais un agresseur, son complice m’a jeté par terre en me prenant par derrière. Que voulez-vous, la vie c’est parfois comme ça, mais même couché par terre pendant que l’un m’empêchait de me relever et que l’autre vargeait, moi je n’avais peur de rien. C’est quand même bon pour l’estime de soi et les pruneaux disparaissant après quelques semaines. La dignité elle, demeure à jamais.

 

Pam, tadam, paradadadam… Because I’m evil, my middle name is misery,

 

Well I’m evil, so don’t you mess around with me, 

 

So don’t mess around don’t mess around don’t mess around with me.

 

I'm evil, I'm evil, evil, evil... et j’ai terminé en bon blues man, en étirant les notes, pendant que le guitariste les faisait se mouler à ma voix comme des caresses de femmes et, ma gestuelle exprimaient toute ma liberté d’expression. 

Je jubilais en moi-même. Plus aucune de mes souffrances n’avait d’importance, car il faut bien vous dire que sans ma détresse respiratoire, j’aurais fait craquer la maison comme on dit, mais même avec ce manque d’air, j’ai réussi à bien livrer la chanson.

 

Surprise encore, j’ai spontanément demandé au musicien si je pouvais en chanter une deuxième et j’y suis allé d’un Blue Suède Shoes un peu ralenti et blousé à cause de mon essoufflement. L’univers était devenu mon carré de sable et j’ai joui durant encore deux ou trois minutes.

 

J’ai remercié et suis allé m’assoir dans les marches du perron de l’église ou des gens sont venus me féliciter. Quelle denrée rare dans ma vie où j’ai vécu plus de vingt ans avec une femme acariâtre, incapable de faire quelque compliment que ce soit, qui ne m » encourageait jamais dans aucune de mes entreprises et qui au contraire, de savait que me critiquer sur tout et rien.

 

Quelques intervenants du milieu des organismes de protection des femmes battues sont venus exposer leurs causes et je me voyais en elles lorsque je les voyais trembler de trac, mais c’était désormais du passé pour moi.

Puis, un intervenant du milieu de l’itinérance a fait un petit discours, lui aussi intimidé par la foule et il a ensuite demandé si quelqu’un voulait témoigner. Que croyez-vous que j’ai fait ?

 

En plus de l’occasion d’expérimenter le nouveau moi, c’était l’occasion de parler de choses sérieuses, ce qui me plait par-dessus tout et je suis allé faire mon Speach sur l’itinérance pour leur dire que parfois c’est un mode de vie choisi, comme je l’ai fait moi, en 2009 où je suis allé vivre à la rue, en plein mois de janvier, à Montréal.

 

Encore des félicitations et de nouveaux amis et plein de gens qui n’osaient me regarder, car, c’est bizarre à vivre les premières fois, c’était moi qui étais devenu intimidant. J’avais toujours cru être le seul à ainsi me comporter en société, évitant les regards de personnes qui me semblaient plus solides que moi. Je réalisais que non. C’est le cas de la plupart des gens. Peur de toute situation pouvant contenir des imprévus, tout calculer pour les éviter et moi qui désormais les aiment par-dessus tout ces imprévus.

 

Autre surprise, il a encore demandé si quelqu’un voulait chanter. Personne ne bougeait. J’ai attendu un peu, question de ne pas prendre toute la place, puis que je me suis dit, c’est leurs problèmes, moi j’ai envie de m’amuser alors j’y suis allé de nouveau et j’ai chanter cette chanson de Félix Leclerc en fond musical de cette page et de ce type d’interprétation, car à l’origine cette chanson est loin d’être un rhythm & blues, et désormais, chaque fois que j’entends cette interprétation d’Harel Lamothe c’est la joie qui vient habiter mon cœur et mon esprit. C’est l’un de mes plus beaux souvenirs.

 

C’était ma soirée, car le guitariste un peu plus tard a demandé si quelqu’un voulait venir chanter un blues improvisé en Français. Certainement qu’il savait que ça allait être moi, puisque personne n’avait osé répondre pour chanter une chanson de leurs choix, sachant qu’un blues improvisé en Français demande une certaine spontanéité.

Alors je l’ai fait et c’était une première pour moi, comme de chanter en public à vrai dire. Je veux dire devant une foule en plein air, foule d’inconnus. J’ai chanté ma philosophie de la vie durant six minutes et me suis amusé comme un petit fou, même si les rimes n’étaient pas toujours les meilleures, car pour ce faire il faut quand même un peu de pratique, j’ai tout dit ce qui me passait par la tête sans rien retenir. J’étais fier de moi comme jamais de toute ma vie.

Puis, en fin de spectacle. Je suis remonté sur scène pour les quelques personnes qui restaient et j’ai chanté Amazing Grace à capella comme j’aime le chanter lorsque je suis seul. J’étais dans mon bain en plein air et devant des inconnus.

 

Je ne vous cacherai pas que même épuisé, je ne suis pas arrivé à m’endormir facilement, mais j’y étais habitué depuis plus d’un an, car depuis que l’on m’a empoisonné en 2014, je ne dors presque plus et j’ai appris à y trouver de grands avantages. Je puis accomplir en une journée ce que je mettais trois jours à faire auparavant et j’aime cet aspect de la chose. Je dors lorsque je ne puis faire autrement, c’est tout et peu importe l’heure ou le moment de la journée.

Le plus important à retenir de cette histoire vécue pour vous, c’est que lorsque l’on décide vraiment de se prendre en main et de ne plus tolérer quelques obstacles que ce soit pour vaincre la peur, elle disparait à jamais comme les fantômes aux yeux de l’enfant qui ose sortir de sous les draps, rester dans le noir, bien regarder ce qu’il éprouve pour ensuite illuminer sa chambre en touchant l’interrupteur.

 

Tous mes livres traitent de la peur, de toutes les peurs et de toutes les phobies répertoriées et de plusieurs qui ne le sont pas, mais qui existent bel et bien. Surtout, je raconte comment moi je les ai toutes vaincues, d’où elles viennent et ce qu’il faut faire pour les vaincre.

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