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Québec déclare la guerre aux abus spirituels dans les hôpitaux

  • avecdieuseul
  • 22 sept. 2021
  • 3 min de lecture

La ministre de la Santé Danielle McCann a demandé au CHU de Québec de l’aider à revoir complètement la façon dont les soins spirituels sont offerts aux patients dans le réseau de la santé.


Les recommandations du Centre spiritualité santé de la Capitale-Nationale, qui fait partie du CHU de Québec, devraient être prêtes 2021, indique sa directrice Marie-Chantal Couture. À court terme, la ministre McCann demande toutefois aux différents établissements de santé de la province de passer le message à leurs employés qu’on ne peut pas tenter de convertir un malade à une religion ou à une croyance. «C’est inacceptable […] faut voir à ça.»

La ministre réagissait à un dossier publié samedi dans La Presse +, qui mettait en lumière de nombreux cas de patients fragiles qui ont vécu des «abus spirituels». Ces patients ont été approchés par différents types de religieux qui leur parlent du démon ou qui promettent que Dieu guérit le cancer. «On demande aux établissements : “Quelles sont les mesures que vous prenez à court terme pour éviter ces situations-là?” explique la ministre.

Mme McCann ne rejette toutefois pas le rôle que jouent les intervenants en soins spirituels. Ces fonctionnaires engagés par le ministère de la Santé vont au chevet des malades ou des mourants pour les accompagner dans ces moments difficiles.

«Je pense que ça a sa place. […] On sait que le contexte de la société a évolué, en termes de religion, en termes de besoins. C’est ça qu’il faut revoir. Mais je pense que des intervenants spirituels qui relèvent des établissements, c’est probablement quelque chose qu’on pourrait sauvegarder.»

Mme McCann ne croit pas que cette pratique, qui s’inscrit dans l’histoire du Québec, va à l’encontre de la loi 21 sur la laïcité de l’État. «Les établissements peuvent très bien offrir des soins spirituels.»

Mieux encadrer

Le ministère de la Santé cherche toutefois à mieux encadrer ce travail. Le 20 mars dernier, un mandat de «révision des orientations ministérielles» a été octroyé au Centre spiritualitésanté de la Capitale-Nationale. Le Centre bénéficie d’une enveloppe de 75 000 $ pour l’aider à établir les meilleures pratiques et à les partager.

Les travaux vont commencer cet automne et s’échelonner jusqu’en 2021, indique Mme Couture. En janvier 2018, le Centre a déjà offert une première formation destinée à tous les intervenants de la province. En mars 2019, des intervenants du Nouveau-Brunswick et de la Suisse francophone se sont ajoutés lors d’une seconde formation à Québec.

«On a développé des outils qui permettent d’avoir une vision plus large de la spiritualité», explique Mme Couture. Au lieu de parler de religion, les intervenants peuvent questionner le patient sur ses valeurs, ses relations avec les autres, ses espérances. Ce vocabulaire plus neutre permet au patient malade ou en fin de vie de verbaliser ce en quoi il croit. «Accompagner quelqu’un, ça veut dire marcher avec, ça veut pas dire tirer dessus», commente Mme Couture.

Elle ajoute que les intervenants en soins spirituels n’arpentent pas les couloirs d’hôpital à la recherche de patients à qui parler. Ce sont plutôt les patients, leur famille ou le personnel soignant qui font appel à eux. «La maladie ébranle le corps, mais très souvent, elle ébranle aussi la dimension spirituelle», indique Mme Couture.

Même si à l’heure actuelle, l’ensemble des 40 intervenants en soins spirituels affiliés au Centre spiritualitésanté de la Capitale-Nationale sont issus de la tradition catholique, Mme Couture assure que l’accompagnement qu’ils offrent est non confessionnel.

La directrice explique ne pas avoir reçu de candidature émanant d’une autre tradition religieuse, d’où cette homogénéité des intervenants. Le titre d’emploi a également changé en 2010. Les animateurs de pastorale sont devenus des intervenants en soins spirituels. «C’est plus qu’un changement de syntaxe, c’est un changement de posture. Mais avant que ce soit bien intégré chez les autres professionnels de la santé, ça peut être long.»


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